Demain Berlin
Tobias, Franz et Armand. Trois hommes - à moins qu'ils ne restent éternellement adolescents - que la vie a traités comme elle traite tout le monde : pas très bien. Traumas d'enfance, parents absents, amours inachevées ; chacun traîne son lot de déconvenues, son bagage de bonheurs fugaces, entre Paris et New York, la Bavière ou le Mexique. Et chacun finit par trouver refuge à Berlin, nouveau temple de l'oubli, purgatoire profane de la jeunesse européenne. La drogue a déjà écorné l'album photo, mais c'est bien une famille qui leur tend les bras tous les soirs, derrière les portes des clubs électro de la ville. Entre "druffis", l'autre nom de ceux qui se brûlent par les deux bouts à grand renfort de speed et de kétamine, on ne s'embarrasse pas de postures, on se comprend - on s'aide, souvent. Alors au diable le sida et les illusions perdues, l'amitié aussi peut se transmettre par voie intraveineuse. Dans les clubs, les corps s'offrent sans façons - les corps d'hommes, les corps de femmes. Dealers par facilité, amoureux impénitents, aspirants-artistes, bon an mal an chacun fraie son chemin. Tobias fuit dans les backrooms sa peur de l'avenir, Franz paye en prison d'avoir voulu être un bon père. Et Armand, slalomant entre les gouttes de pluie, dessinant dans des cafés paisibles en tirant sur ses cigarettes roulées, regarde sa vie passer, "joliment".
Paumés ? Vivants. Puisant son inspiration auprès de Louis Calaferte et de Raymond Guérin, Oscar Coop-Phane livre, à contre-courant, un deuxième roman d'une modernité aiguë et d'une esthétique intemporelle. Dans cette chronique tendre et amère, Armand, Franz et Tobias sont les héros picaresques d'une génération qui se trouve en se perdant.