Le combat et autres essais
Après La Solitude est sainte (Quai Voltaire, 2014), voici trois nouveaux essais de William Hazlitt. Ce romantique anglais avait la fibre romancière. Rien ne le passionnait tant que les rapports humains. Qu'il s'agisse du lien qui s'établit entre le peintre et son modèle, de la tension qu'éprouve inévitablement un être sensible devant quelqu'un qui l'exaspère, ou de deux champions de boxe qui s'affrontent, Hazlitt aime les mises en regard et les portraits parallèles à la Plutarque.
Dans ces trois essais brillants et exaltants, il analyse toute une typologie de personnages à la loupe, avec le sang-froid d'un chirurgien. En quête de « types », il caricature ergoteurs, fanfarons, bellâtres, rabat-joie. avec une truculence qui évoque la Commedia dell'arte. Écrivain sceptique, spirituel, passionné et donquichottesque, Hazlitt adorait la provocation. On pourrait le situer entre Diderot et Stendhal, même si l'originalité et la virulence de ses points de vue rappellent davantage encore certains polémistes du xx e siècle, comme Pasolini et Christopher Hitchens.
Hazlitt observait le monde avec l'oeil du portraitiste itinérant qu'il avait été dans sa jeunesse. C'est ce qui donne à ses essais une pertinence réaliste. Vifs, brefs, plaisants, débraillés et riches en détails, ces textes ont d'abord paru dans des revues avant d'être réunis en volume. Ils ont été écrits pour être lus à voix haute, à l'occasion de conférences. Le timbre si singulier de cette voix d'il y a deux siècles nous enchante encore aujourd'hui.