Emile Verhaeren, un musée imaginaire: 18 mars-14 juillet 1997, Musée d'Orsay, 9 septembre-30 novembre 1997, Musée Charlier : catalogue
Pour le poète Emile Verhaeren (1855 - 1916), le combat pour la modernité artistique dépassa largement le domaine littéraire. Son engagement en faveur du vers libre comme son culte de Mallarmé allèrent de pair avec une passion vivace pour la peinture et un engagement actif dans le combat pour la victoire de l'impressionnisme. Dès 1882, le poète déploya une activité critique tentaculaire qui le vit pourfendre une tradition académique sclérosée mais défendre en revanche, avec autant d'enthousiasme que d'acuité, Delacroix ou Moreau, Khnopff ou Puvis de Chavannes, Rodin ou Minne, Ensor ou Cross, Meunier ou Seurat, dont il fut un des premiers acheteurs et l'ardent zélateur. Cette activité le conduisit à écrire de nombreux articles, essentiellement publiés en revues, et plusieurs monographies qui parurent aussi bien en Belgique qu'en France. Idéalisme et symbolisme, impressionnisme et néo-impressionnisme, mais aussi peinture sociale et peinture de genre retinrent tour à tour l'attention de ce poète et critique pour lequel Delacroix dominait son siècle, qui découvrit Chez le père Lathaille de Manet en 1880 et se fit plus tard l'inlassable défenseur de Seurat. Parallèlement à la parution chez Labor, dans la collection "Archives du futur", des deux tomes des Ecrits sur l'art de Verhaeren, ce catalogue dossier du musée d'Orsay rassemble des études consacrées aux diverses facettes du système critique de l'ami de Van Rysselberghe, de Signae et de Luce. Il fournit le relevé détaillé et commenté des oeuvres de la collection Verhaeren (Degas, Cézame, Ensor, Minne, Seurat, Cross, Luce, Bourdelle, Rodin...). Il procure également des aperçus historiques précis des rapports de Verhaeren aux oeuvres et aux artistes exposés. A travers ces études se dessine peu à peu un musée imaginaire, qui est à la fois celui du poète des Forces tumultueuses, recueil dédicacé à Rodin, et de toute une génération. Peintres belges et français y nouent un dialogue empreint de leur sensibilité fin de siècle.