Le nomade entravé
Sortir de ses routines, ne cesser d'aller « ailleurs » : tel est le sous-entendu de ce roman dont les péripéties et le ton ironique laissent entrevoir la profondeur de l'éternel dilemme humain : partir ou pas.
Le narrateur, « nomade entravé », est fixé depuis quatre mois dans une petite ville portuaire qu'il ne parvient pas à quitter.
Pour sortir de cet attentisme, il consulte un psy qui lui conseille d'écrire un pamphlet à la Cioran susceptible de le purger de ses humeurs. Un vieil écrivain local, alcoolique et pittoresque, mystérieusement engagé dans une oeuvre incompréhensible, essaie de l'en dissuader au nom de la pureté littéraire : l'écriture, la vraie, ne doit pas soigner, mais tuer l'écrivain, le vider complètement.
Hésitant, sceptique, le narrateur tergiverse sous le regard amusé de Solène, une voisine, et sous les quolibets de ses compagnons de bistrot. Sa rencontre avec des migrants africains, essayant envers et contre tout de passer en Angleterre, va redéclencher en lui le goût de l'action et l'ardeur du départ. Dans ce récit, le lecteur retrouvera le ton si personnel de Georges Picard, « écrivain de la distance intérieure ».
Comme l'a écrit Michel Camus : « Son humour est d'autant plus implacable qu'il est secrètement fondé sur un art de s'ouvrir les abîmes. »