Derriere La Colline
Novembre 1914. Sur le continent la guerre fait rage. Comme des milliers de britanniques alors, Nigel Parsons s'engage. Pour ce jeune poète, c'est une manière comme une autre d'oublier ses échecs : sa fiancée s'est détournée de lui et son oeuvre poétique ne rencontre aucun succès. Rien n'a préparé Nigel à ce qui l'attend, et c'est bien l'enfer qui l'attend !
Cet enfer a pour noms "tranchées de Somme" et "colline de Thiepval". Nigel porte l'écusson du 16ème bataillon des Lancashire Fusiliers et il se terre dans un boyau pour se protéger des obus qui trouent la terre. William Salter, son camarade de combat, son ami, son frère, est recroquevillé près de lui. Il est jardinier et ils se sont rencontrés il y a peu, à Londres, où William Salter entretient les allées de Hyde Park. Ils sont rapidement devenus inséparables. Ils se sont engagés ensemble, et ensemble ils rentrent maintenant la tête dans leurs genoux afin d'éviter les éclats d'obus meurtriers. Ils attendent une accalmie du feu roulant des canons ou l'ordre d'attaquer.
Pour eux, cela revient au même, car entre mourir au front et mourir au fond d'un trou, il n'y a pas de différence. Ce n'est pas pour aujourd'hui car leur bataillon a droit à un jour de permission à l'arrière, dans une ferme de Bouzincourt. Le lieutenant Burrel, leur chef, aime ses hommes et il leur accorde un répit mérité, comme on offre une dernière cigarette au condamné. Le front c'est pour demain, en première ligne. Peut-être sauront-ils alors ce qu'il y a derrière cette maudite colline de Thiepval ? Juillet 1948. Rescapé de la grande boucherie, William Salter n'est pas rentré en Angleterre. Il entretient les tombes de ses camarades morts en terre de France, et se souvient. Il se souvient qu'il s'appelait alors Nigel Parsons et qu'il fut sauver de la mort par William Salter qui s'interposa entre lui et la balle allemande qui lui était destinée. Prendre ensuite l'identité de William et se souvenir, c'était bien la moindre des choses.