La Fabrication des chiens
Une histoire de chiens, une histoire française.
« Un petit chien noir taché de fauve, au museau exagérément court et écrasé, si écrasé qu’il semblait faire pression sur l’orbite de ses yeux ronds au point de les éjecter, furetait entre les ourlets précieux, attendrissant et ridicule.
Dans le cliquetis des verres, le choc des talons sur le marbre de la salle de bal, dans les notes épuisées de l’orchestre qui cisaillait en rythme depuis des heures entre les exclamations et les rires, cette étrange créature sembla soudain l’axe impérieux décrétant les orbites, l’astre autour duquel ce monde effectuait sa révolution sans s’en apercevoir.
— Tout est là, reprit l’inconnu. Tout est dans la perfection de ce singulier animal. L’espoir d’un monde absolument nouveau. Absolument moderne. »
Paris, 1889. Au crépuscule de l’Exposition universelle, Louis Daumale, jeune apprenti journaliste au Figaro, part à la rencontre de son époque. Mais, très vite, une question l’obsède : d’où viennent ces nouveaux chiens que l’on voit aux bras des Parisiennes ? Dans un Paris célébrant les prodiges de la science comme de l’occultisme, Louis Daumale suit la piste de ces chiens fin de siècle et découvre, derrière la joyeuse célébration du progrès, l’esquisse d’un avenir inquiétant, pour les chiens comme pour les hommes.