Un dimanche après-midi dans la tête
Un dimanche après-midi dans la tête, telle pourrait être l'écriture : temps de répit et d'adoration profane. Un homme aux mains disjointes y célèbre le pacte qui l'unit à la langue et tente d'y rassembler les traits incertains de sa propre figure. Une vieille femme qui se meurt, des papiers peints qui se décollent, le souvenir flou d'un corps nu, une fenêtre entrouverte sur un jardin d'automne, tels sont quelques-uns des motifs mélancoliques de ce livre où la prose s'inquiète de la poésie. L'écriture pousse la porte des chambres du passé et invite tour à tour des silhouettes autrefois aimées, à présent anonymes, à partager son repas d'encre et de papier. Une première version de cet ouvrage avait paru en 1984. Au moment de le rééditer, j'ai souhaité le recomposer. Ainsi ces pages ne sont-elles ni d'aujourd'hui ni d'hier. Oeuvre d'un écrivain imaginaire, elles s'installent définitivement dans la ferveur et la vacance d'un très lointain dimanche.