La poésie malgré tout
Depuis le milieu du XIXème siècle, la poésie française a elle-même engagé son propre procès. Minée par le prosaïsme, rongée par le soupçon, elle prend la mesure de ses leurres. Elle poursuit la recherche inquiète de sa valeur et de son sens. Elle subsiste ainsi malgré tout, en retournant son ancienne autorité lyrique en puissance d'interrogation. Cet essai se fixe un double objectif : caractériser l'expérience moderne de l'écriture poétique, tournée vers l'élucidation de sa raison d'être, et ébaucher un nouveau portrait de l'écrivain : poète à son corps défendant. Aussi s'organise-t-il en deux parties : il pose tout d'abord la fameuse question de Mallarmé "sait-on ce que c'est qu'écrire ?", puis il poursuit la figure du "poète malgré lui" à travers l'oeuvre de Baudelaire, Flaubert, Verlaine, Rimbaud, Valéry, Cendrars, Reverdy, Michaux, Bonnefoy, Jaccottet, Dupin et Réda. On lira donc dans ses pages une apologie in extremis de la poésie dont la valeur même se mesure désormais à l'aune du sentiment critique qui la ronge et contre lequel elle s'avère capable de demeurer malgré tout.