L'amant russe
C'est alors que je l'ai vu. Il m'observait franchement, les sourcils arrondis et la tête penchée de côté tel un chat surpris par sa première souris mécanique.[ ...1 J'ai su qu'il n'y aurait plus rien au monde. La grande éclipse faisait son oeuvre J'ai frissonné, la sueur s'est glacée sur tout mon corps. Il a dû le voir et il a souri. [ ...] Quelque chose naissait et je n'avais plus peur. Peut-être aurais-je dû : prendre le temps de la peur. Mais j'étais pressé. J'avais seize ans, j'étais très pressé.
Lorsque le narrateur adolescent rencontre Volodia à Leningrad, c'est le coup de foudre : il sait intimement qu'il vient de croiser son destin et qu'il devra s'y soumettre. Irrémédiablement attirés l'un par l'autre, les deux garçons due tout oppose se plieront à la force et à l'ardeur de leur désir intransigeant... A la fois inéluctable et fatale, la passion les habite, rien ne les empêchera de vivre leur amour : toujours ils trouveront les moyens de déjouer les pièges qui les menacent dans la ville et dans le regard des autres. Pour mieux se trouver, au risque de se perdre...
Échanges de regards furtifs, mots tus au bord du silence par peur de rompre le charme, gestes à peine ébauchés où le désir s'épuise, L'amant russe compose un véritable chant d'amour.