La première main
Il y en a trois, des mains. La première est la plus belle, elle a entrelacé ses doigts aux miens, chaude, forte. Une main à la Michel-Ange, aux ongles bien dessinés. C'est une histoire uniquement de gestes où les paroles privées de sens sombrent dans le néant. Et le désir reste impossible à combler, enfantin et adulte à la fois comme s'ils appartenaient, ces gestes, à une petite fille mais aussi à son contraire. Une petite fille solitaire et qui a faim de gratifications, et une adulte ingénieuse, experte. Même les odeurs sont des vagues qui vont et viennent et portent en elles tendresse et ténèbres, les narines les suivent comme si elles marquaient une piste pour s'orienter dans cette forêt de silences. L'amour est au centre de ce récit. Paris, Rome, Venise, les années se superposent, mais le regard de la petite fille est le même que celui de la femme qu'elle est devenue. Si aiguisé, si précis, si intuitif, si vrai. Pour la première fois, Rosetta Loy, figure majeure de la littérature italienne contemporaine, publie en France un texte inédit dans sa langue maternelle. Elle peut enfin dire, en toute liberté, toutes les choses enfouies et les restituer dans l'éclat où elles lui sont apparues. Avec violence et nécessité, sans jamais tricher. Rosetta Loy signe ici un grand livre en tressant sa vie intime avec celle de l'Italie.