Mémoires
Habituée depuis son enfance à exercer un extraordinaire pouvoir d’attraction sur son entourage, Félicité Ducrest s’est toujours jouée des contraintes et des convenances pour vivre comme elle l’entendait. Aristocrate déclassée, son mariage romanesque en 1763 avec le comte de Genlis lui ouvre les portes de la Cour.
Bientôt maîtresse du duc d’Orléans (futur Philippe Egalité), elle devient le «gouverneur» de ses enfants. Scandale sans précédent, cette charge étant réservée à des hommes. Dans son salon de la rue de Bellechasse à Paris, elle reçoit les écrivains les plus célèbres de son temps et la plupart des ténors de l’opposition à la monarchie absolue. Mal vue par les royalistes, mais menacée par les «patriotes», elle juge plus prudent d’émigrer en 1792. Après cinq ans d’exil, elle revient dans un Paris bien différent de celui qu’elle a connu. Dans ses Mémoires publiés en 1824-1825, Madame de Genlis brosse un tableau extrêmement vivant de la société d’Ancien Régime, où l’on rencontre des personnages aussi célèbres que Madame Du Deffand, Voltaire, Rousseau, Madame Du Barry, Talleyrand…
Témoin d’une histoire tumultueuse qui commence sous Louis XV et s’achève dix ans après la chute de l’Empire, elle évoque avec bonheur les mœurs de la société aristocratique à la veille de la Révolution et apparaît également comme une pionnière du féminisme.