Iéna et Auerstedt (14 octobre 1806)
« Si l'on n a pas au moins cent mille hommes et un bon nombre de canons, on ne doit pas se permettre de me faire la guerre. Et ces Prussiens en avaient bien autant et davantage ; à quoi cela leur a-t-il servi ? Je les ai dispersés comme de la poussière dans le vent, je les ai écrasés et, en vérité, ils ne se relèveront plus. »
Ces paroles prononcées par Napoléon en novembre 1806, lors d'un entretien avec Fredrich von Müller, conseiller du duc de Weimar, résument parfaitement la campagne de 1806. Brillante pour l'Empereur, elle fut synonyme de catastrophe et d'humiliation pour une Prusse vivant dans le souvenir glorieux des victoires du Grand Frédéric.
Comment une puissance européenne put-elle s'effondrer si brutalement, en un temps aussi court, à peine un mois ? Les talents militaires de Napoléon et sa formidable machine de guerre n'expliquent pas tout. Les victoires d Iéna et d'Auerstedt n'auraient pas été aussi brillantes et si décisives si les faiblesses de l'armée prussienne n'avaient pas été si grandes.
Conséquences d'une politique étrangère calamiteuse de la part du roi Frédéric-Guillaume III, elles montrèrent à quel point l'appareil de guerre bâti par Frédéric II un demi-siècle plus tôt était dépassé et totalement inadapté à l'évolution tactique et stratégique récente.
Le traumatisme fut profond et durable, bien au-delà de la revanche de la guerre de libération et de la chute de Napoléon.