Stratégie de la déception
Dans les Balkans, l'OTAN a fait une expérience à ses dépends : on ne bombarde pas une guerre civile. Demi-guerre non-déclarée, demi-défaite ou demi-victoire annoncée, la fin du conflit du Kosovo ne résoud aucun des problèmes politiques de l'Europe. Victime pendant quarante années d'une stratégie de la dissuasion, fondée sur le primat de l'arme de destruction massive, notre continent voit maintenant lui succéder cette stratégie de la déception qui repose sur les capacités cybernétiques de l'information massive, mais surtout sur celle d'une désinformation généralisée. Sous le vocable de la "global information dominance", les Etats-Unis, ultime grande puissance, lancent maintenant la "révolution des affaires militaires". Face à l'inévitable prolifération des armes de destruction massive, mais aussi bien des actes de terrorisme, à l'arrêt du flux des ressources vitales, au mouvement incontrôlé et massif des populations, le nouveau concept stratégique élaboré à Washington à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'OTAN, s'engage dans la voie du contrôle et de la surveillance tous-azimuts des phénomènes paniques que ne manquera pas de provoquer demain la mondialisation.