Peindre aujourd'hui : Philippe Cognée
On peint depuis vingt mille ans. Non seulement les trois règnes et les quatre éléments ont été représentés, à fresque ou sur la toile, des mammouths de Lascaux aux dames de Picasso, mais la peinture s'est affranchie de toute référence pour exploiter les formes et les couleurs en quoi, en toute rigueur, elle consiste. Depuis cent ans et plus, depuis l'invention de la photographie, la question est ouverte de savoir s'il existe une justification au métier de peintre. Ceux de fileuse et de rétameur, de lavandière et de nourrice, d'ajusteur, de poinçonneur du métro ont disparu. Quiconque se sert encore d'un pinceau ne saurait ignorer qu'il lui faut établir que le cours des choses n'a pas périmé ce très vieil instrument, qu'il peut encore dégager les réserves de sens enfouies sous l'expérience. La nôtre est dominée par l'automation du travail et la circulation généralisée des marchandises - la globalisation. C'est à cela que Philippe Cognée s'est confronté, avec sa brosse et ses tubes, comme si de rien n'était. Ses toiles sont la preuve, la seule, que la peinture n'est pas encore chose du passé.