Portraits aux trois crayons
Sanguine, encre noire et craie blanche. Et un grand souvenir de Baudelaire. Assez pour que je place ces portraits d'amis disparus sous le signe de ces trois crayons qui laissent sur la feuille beaucoup de surface vide alors même qu'ils veulent exprimer l'affection, l'admiration, le regret. Une autre fois au seuil d'un projet semblable j'avais l'ait appel, pour caractériser le lieu où se portait le travail, à l'idée d'un fragment de miroir ramassé dans l'herbe, taché de boue, mais où de la lumière a brillé. C'est à peu prés la même métaphore, aujourd'hui. Pour dire l'impossibilité de dire, pour indiquer que n'est jamais que partielle et trouble l'image que notre parole donne de ceux-mêmes qui nous ont été les plus chers, mais aussi parce que nous rêvons que le peu que nous avons préservé de leur présence perdue, ce puisse être la preuve, un rien enveloppé de lumière, que cette résurrection est possible, à laquelle pourtant nous ne croyons pas.