Que faire ?
Les récents attentats de Paris et ceux qui les ont suivis de près en Afrique, venant après tant d'autres, depuis si longtemps et dans un contexte international particulièrement instable, portent à l'incandescence deux séries de questions : d'une part on se demande comment agir, jusqu'où la riposte belliqueuse est opportune ou du moins suffisante, d'autre part, puisque les pouvoirs politiques sont particulièrement mis en jeu, on se demande quelles sont au juste leurs marges de manoeuvre et leurs responsabilités précises (car on se retourne soudain vers eux alors qu'on était prêt la veille à les considérer comme les figurants d'un théâtre économique).
« Que faire ? » et « Quoi du politique ? » sont les deux faces d'une même inquiétude.
Peut-être le « faire », considéré comme production d'une action effective, est-il mis en suspens dès lors que l'idée même de la politique est brouillée. Aujourd'hui ce mot englobe tantôt l'ensemble des conditions d'existence et de sens, tantôt seulement une sphère limitée mais dont l'autonomie paraît douteuse.
Une seule chose est sûre, c'est la condamnation toujours recommencée de la « politique politicienne », singulière tautologie. Elle révèle le sentiment qu'il y a dans la politique elle- même la possibilité de son mésusage ou de sa caricature.
Une autre façon de contourner le problème est de distinguer « le » politique » de « la » politique (ou bien « the political » et « politics ». Cette différence de genre sert à magnifier une essence, un en-soi d'une pratique et tendanciellement une conception élevée d'une tâche besogneuse (même si non indigne.).
On ne peut y voir plus clair quant au « faire » que si on clarifie le sens de « politique ».
C'est ce qu'on voudrait entreprendre ici.