La mer ne déborde jamais

Liana, jeune journaliste brésilienne installée à Londres où elle endure quotidiennement mesquineries, tricheries et disputes, imagine l'histoire d'une peuplade indienne sur les côtes de l'État Espirito Santo depuis le XVIe siècle et l'arrivée des premiers Portugais. Les deux lignes du récit s'entrecroisent, en un maillage précis, faisant d'abord alterner présent et passé, différents niveaux de fiction et de langue (types d'argot et évolution de la langue portugaise), puis se rapprochent progressivement jusqu'à se rejoindre, comme s'amenuise aussi l'idée même de la distance entre la fiction et l'Histoire, l'écriture et la réalité. Ana Maria Machado, en cultivant la minutie et l'exactitude des détails quotidiens des différentes époques, éclaire les chemins de la mémoire collective, ignorés par l'Histoire officielle, et reprend la tradition des conteuses.
Elle donne aussi à voir les points de vue des Indiens, des femmes, des enfants, celui des Africains, emmenés en esclavage, ou des premiers colonisateurs, contribuant au métissage du futur peuple brésilien, portés par un regard incisif et la force d'une écriture pleinement vivante.