Les députés français et l'Europe. Tristes hémicycles ?
Le constat est patent : le métier de député a changé. Cherchant à analyser les effets de l'intégration européenne sur l'Assemblée nationale, Olivier Rozenberg a interrogé une soixantaine de députés sur leur conception de l'activité parlementaire. Sous la pression de l'Europe, le rapport de l'élu à son électeur, à la loi, aux ministres ou à lui-même s'est modifié. Il doit monter des dossiers de subvention, se faire le relais des griefs des électeurs, agir en lobbyiste à Bruxelles, ourdir des « coups » politiques autour des enjeux européens, etc. Ainsi, différents profils de parlementaires s'européanisent. Entrepreneurs locaux, défenseurs du terroir, souverainistes, présidentiables ou experts peuplent de « tristes hémicycles », théâtres d'une profonde transformation depuis Maastricht. Une tristesse qui doit autant aux difficultés d'adaptation des deux assemblées à l'Union européenne qu'aux émotions que les représentants mobilisent quotidiennement dans l'action.