Les camps de regroupement en Algérie
De 1954 à 1962, l'armée et l'administration françaises entreprennent de « regrouper » plus de deux millions d'Algériennes et d'Algériens dans quelque deux mille camps. En pleine guerre d'indépendance, les autorités cherchent à priver le Front de libération nationale (FLN) de tout soutien logistique et politique et à placer sous surveillance une population suspectée de soutenir les insurgés. Précarité et surmortalité infantile s'abattent alors sur une population coupée de ses terres et dépendante des secours publics.
Certains responsables ont voulu présenter cette politique de déplacement forcé de civils, l'une des plus massives du XXe siècle, comme l'outil d'une modernisation des campagnes.
En réalité, la création arbitraire et non planifiée de ces « nouveaux villages » a accéléré la dépaysannisation et la déstructuration d'une société algérienne déjà bouleversée par un siècle et demi de colonisation, dont les effets sont toujours perceptibles aujourd'hui.
Fabien Sacriste, docteur en histoire et agréé d'histoire-géographie, est professeur dans le secondaire et enseigne dans le supérieur.