Les voleurs de pauvres
Pour le narrateur, Iman, poésie et environnement sont liés : si la terre se meurt, l'inspiration meurt aussi. Or, la terre se couvre de parkings, de routes, de béton. Il va donc chercher chez les Huichols, ces cousins survivants des Aztèques, au cœur du Mexique, le renouvellement de ses sources. Ayant lu les livres de Carlos Castaneda, il se lance à la recherche de Don Juan Matus, « l'Indien solitaire ». Mais la réalité qu'il découvre est tout autre : les Indiens sont de pauvres gens que l'on pille, des barrages inondent leur terre, la déforestation avance et leur pensée, comme celle du héros, est menacée. C'est sans doute parce qu'il a perdu ses propres repères que Iman se sent si proche d'eux. Devant le désastre, la volonté de lutter s'affirme. En parlant des grottes de la Mazatèque encore inexplorées, Randall, l'un des interlocuteurs d'Iman, ne lui a-t-il pas dit : « chaque fois qu'on en découvre une, on imprime nos paroles sur celles des ancêtres » ?
Dans ce très beau roman, Ivan Alechine dresse un portrait saisissant des ravages faits au nom du progrès et de la civilisation.