La saison manquante suivi de Amour jacaranda
Plus qu'un nouveau recueil, c'est une saison entière de sa production poétique qu'Abdellatif Laâbi nous livre avec La Saison manquante, suivi de Amour-jacaranda. Deux livres qui auraient pu voir le jour séparément mais dont la troublante gémellité a fini par imposer de les laisser vivre côte à côte. Les familiers de la poésie de Laâbi découvriront sans peine les raisons d'un tel choix. Aucun thème de cette poésie, si thème il y a, n'est fermé sur lui-même. On dirait qu'il n'est abordé et travaillé que pour ouvrir jusqu'à plus soif l'éventail de ce qu'offre un art rivé, peut-être plus que d'autres, au plus intime de la condition humaine. Il en va ainsi des métaux rares de l'amour qui ne peuvent se fondre que dans le creuset où la vie et la mort connaissent la même transmutation. Il en va ainsi du combat incessant pour la liberté qui, sous peine de se scléroser, devra se faire impertinent et, pourquoi pas, jouissif.
Avec ce nouveau livre, l'inattendu cher à l'auteur, et qu'il tient chaque fois à réserver au lecteur, a tout l'air d'un paradoxe : il consiste en une sorte de fraîcheur de la maturité.