En immersion à Molenbeek
Molem' : ainsi disent les jeunes d'origine maghrébine à Molenbeek Saint-Jean. Ainsi se sont-ils approprié le nom de la commune bruxelloise où souvent ils sont nés. Le faubourg au passé populaire, et demeuré populeux, s'est retrouvé placé sous les feux de l'actualité après les attentats de Paris du 13 novembre 2015, en raison des attaches molenbeekoises de certains terroristes.
Oui, il existe des zones de non-droit à Molenbeek, oui, la commune souffre d'un chômage endémique. Mais les médias ont fait mine de tomber des nues en ce novembre noir, alors que les ferments de la radicalisation d'une partie de la jeunesse étaient déjà connus voici plus de dix ans. La jeunesse n'y est pas si déconnectée que cela du monde et du mode occidental, mais l'oisiveté forcée la conduit parfois à des actes de forcenés.
C'est cet arrêt sur image que la jeune journaliste Hind Fraihi, attachée au quotidien Flamand Het Laaste Nieuws, a dépeint dans Undercover Molenbeek (En immersion à Molenbeek).
Au moment de la rédaction de son livre, qui se lit comme un roman, Theo Van Gogh venait de payer de sa vie sa critique de l'Islam. Du fait de ses origines marocaines, Hind Fraihi était à même de décrire une jeunesse ballottée entre errance dans la rue et prêches enflammés. Côté obscurantiste, c'est la loi du silence sous la burqa, la sourde mainmise de l'Arabie saoudite sur des consciences déboussolées, côté plus rose et punk, les fashionistas musulmanes, la poupée, un aimable fantôme.
Infiltrée dans Molenbeek, Hind Fraihi a écrit son témoignage dans un néerlandais tel que le parle une partie de la population immigrée, une langue réinventée, avec ses raccourcis, son sens du direct, comme cela se passe pour l'anglo-américain des ghettos noirs de Chicago.