Les Italiens
Un portrait sensible de la société italienne au seuil des années 60
Bruno Barbey a séjourné à maintes reprises en Italie au début des années 60, avec l’idée de capter l’esprit d’une nation et de dresser par l’image le portrait des Italiens. Ce reportage n’avait encore jamais fait l’objet d’un livre.
Juste, pudique et précis dans son approche, Bruno Barbey a saisi dans leur décor quotidien des inconnus aux sihouettes familières – raggazzi, bonnes sœurs, aristocrates, carabinieri, prêtres, mendiants, prostituées ou vieux mafieux – autant de personnages d’une moderne comedia dell’arte aperçus dans le cinéma de Pasolini, Fellini ou Visconti à cette époque. Par le respect profond qu’il a pour ses personnages et les lieux où ils vivent, Bruno Barbey, au-delà des masques et des situations, dévoile les âmes. Car derrière chaque visage se devine un théâtre intérieur, celui de la passion, de la mémoire et des songes. « Les gens simples sont généreux avec les rêves », écrit Tahar Ben Jelloun, dont les textes accompagnent chaque photographie. Une vieille automobile abandonnée au fond d’une impasse devient ainsi de refuge au jeu des enfants ; une procession religieuse l’espoir de toutes les rédemptions ; une Vespa le centre du monde ; un terrain vague le miroir que l’on traverse pour d’autres destinées…
Entre le regard sensible de Bruno Barbey et la plume lumineuse de Tahar Ben Jelloun, se dessine au fil des pages une géographie affective, depuis Rome où l’« on aime faire semblant », jusqu’à Naples où l’« on croit aux sirènes et aux saintes », et Palerme où « le billard est un jeu métaphysique »… L’Italie des années 60 est assurément encore un pays où l’on croit aux miracles.