Vingt ans de guerre
L'Entre-deux-guerres évoque traditionnellement une période de paix. Pourtant, ces vingt années sont le chaînon central d'un vaste mouvement belliqueux qui débouche sur la Seconde Guerre Mondiale.
À rebours des idées reçues, l'armistice du 11 novembre 1918, s'il clôt le premier conflit mondial, ne met pas fin à la guerre. Dans les pays baltes, Allemands, Russes, Lettons, Lituaniens... poursuivent les combats. A l'est, les Polonais, enfiévrés par la renaissance de leur pays, lancent une offensive et occupent Kiev. Au Maroc, Espagnols et Français se lancent dans la guerre du Rif...
D'un bout à l'autre de la planète souffle un vent révolutionnaire qui provoque des guerres civiles particulièrement atroces. Blancs et Rouges russes s'entretuent, Allemands révolutionnaires et contre-révolutionnaires s'affrontent sans merci, communistes et nationalistes chinois se livrent une guerre qui ne fait pas de quartier, républicains et franquistes espagnols se massacrent, tous, évidemment sans épargner les civils, tandis que dans les démocraties, garantes théoriques de la paix et du nouvel ordre mondial, l'équilibre est souvent précaire et la volonté de résistance plus que vacillante.
Enfin, trois puissances belliqueuses, le Japon, l'Italie et l'Allemagne, ne dissimulant pas leur volonté de conquête, commencent à passer à l'acte.
Ce que l'on appelle « l'entre-deux-guerres » n'est donc ni la « paix armée » de la Belle Époque, ni la « Guerre froide » de l'après 1945, mais bien une guerre multiforme et omniprésente qui, avec celle de 1914-1918 et celle de 1939-1945, constituera la « guerre de Trente ans » dont parlait le général de Gaulle.