Pilotes. Le pilotage au temps de la voile et des avirons. Tome 2, Des goélettes européennes aux bateaux des pilotes côtiers
Après la présentation dans le tome 1 des célèbres goélettes anglo-saxonnes, ce second tome de Pilotes, très attendu, nous fait découvrir un univers géographiquement plus proche, mais finalement moins connu : celui des goélettes-pilotes européennes, des hiates de Lisbonne aux magnifiques voiliers de la mer du Nord, stationnés par tous les temps au large des grands ports allemands, néerlandais, belges, et bien sûr français.
Pour la première fois, les fameuses " corvettes " de Dunkerque sont présentées dans le contexte de l'histoire maritime locale : des ancêtres dites korver, issues des dogres de pêche flamands, aux goélettes hautement sophistiquées de la fin du XIXe siècle, telle " l'Orphie " dessinée par le docteur Bédart, un talentueux architecte naval amateur.
Des carènes magnifiques... et des marins d'élite
A côté des bateaux, une large place est accordée aux hommes. Les difficiles manœuvres sous voiles à la station, les transbordements périlleux, la vie quotidienne à bord, les tempêtes, les naufrages et les sauvetages, c'est tout un pan de la vie maritime, aussi passionnant que méconnu, qui est ici révélé.
Si les pilotes européens avaient mis au point une organisation qui leur évitait en général les excès constatés aux Etats-Unis, la rivalité entre équipages concurrents pouvait cependant s'exacerber jusqu'à la violence, lorsqu'elle mettait en compétition des pilotes de nationalités différentes sur un même territoire de chasse, tels Flamands et Hollandais sur l'Escaut...
Les seuls pilotes armant des bâtiments plus puissants que les goélettes étaient ceux de l'Hooghly. Stationnant dans le golfe du Bengale, ils naviguaient à bord de grands bricks, uniques en leur genre. La vie de pacha de ces pilotes coloniaux du temps de l'Empire britannique fait l'objet d'un chapitre particulièrement savoureux.
Pilotes, sauveteurs ou requins de la côte ?
La deuxième partie de l'ouvrage est d'abord consacrée à divers types de grandes yoles et de lougres non pontés, spectaculaires et extrêmement rapides, qui étaient la propriété de " compagnies ". Lancés du haut des plages pour se porter par les plus mauvais temps au secours des bâtiments en danger, ils les aidaient à manœuvrer leurs ancres et à regagner le port le plus proche ; inutile de dire que les marins coutumiers de tels exploits faisaient grassement payer leurs services, et que leur réputation était plutôt controversée.
Par ailleurs, ce tome 2 explore toute une série de ports secondaires qui armaient des types d'embarcations originales, chargées parfois de piloter ou d'avitailler les navires de commerce, mais surtout de les aider à effectuer leurs manceuvres portuaires.
C'est tout le monde méconnu des lamaneurs au temps de la voile et des avirons qui est ressuscité avec son mode de vie rude, voire dangereux, ses figures pittoresques et son aptitude à pratiquer toutes sortes de trafics, dont la contrebande et le pilotage illicite. Les pilotes des plus petits havres utilisaient bien souvent des versions évoluées des bateaux de travail non pontés de la localité. Un sujet passionnant du fait de la diversité architecturale de ces embarcations et des qualités d'audace et d'endurance de leurs utilisateurs, qui formaient souvent une véritable petite élite maritime à l'échelon local.