Madame de Sévigné et la médecine du grand siècle
" Comment vous portez-vous, ma bonne ? " Des mille et cent lettres qu'a laissées l'inoubliable Marquise, telle semble être l'une des formules qui ressort sans cesse, quand elle harcèle sa fille de ses conseils avant de lui infliger le récit de ses " vapeurs ". Yves Pouliquen, grand médecin d'aujourd'hui, signe un portrait original de Marie de Sévigné, mais aussi de tous ses proches : l'énigmatique Françoise, sa fille, son gendre aux assiduités excessives, son fils en proie, lui, aux pannes amoureuses, et aussi son subtil cousin Bussy-Rabutin ou encore le toujours chagrin La Rochefoucauld et la souffreteuse Mme de La Fayette qui mêlèrent leur douleur dans l'illusion d'un amour. Entre saignées, purges, séjours aux eaux, potions, décoctions et remèdes de charlatans, on y croise quelques maîtresses de Louis XIV, des duchesses contagieuses, et bien sûr de nombreux médecins dont Molière n'exagéra qu'à peine les travers et que Boileau, Racine, La Fontaine, Saint-Simon sans cesse évoquaient. Ce faisant, c'est un portrait psychologique intime de la Marquise qu'Yves Pouliquen nous offre, suivant pas à pas ses plaintes, ses peurs, ses émois. Au-delà du pittoresque, on redécouvre un siècle qui fut sans doute celui de l'esprit, mais surtout celui du combat avec les maux du corps. Et pour eux, il n'existait alors guère d'autre recours que la Fortune.