Pour un service civique : Rapport au Président de la République
Répondant à la mission que lui a confiée le président de la République, Luc Ferry analyse, avec l'appui des membres du Conseil d'analyse de la société, les principes, les finalités, les conditions pratiques de réalisation et le coût d'un service civique qui engagerait les jeunes à s'investir dans des activités d'intérêt général : par exemple dans les domaines de l'humanitaire, de l'aide sociale ou culturelle, de l'environnement.
Né dans le sillage des troubles qui ont perturbé « les quartiers » à l'automne 2005, le consensus apparent en faveur d'une telle initiative cache une divergence profonde entre deux conceptions difficilement conciliables. Elle recoupe l'opposition entre les partisans d'un service obligatoire et ceux qui se prononcent pour un service sur la base du volontariat. Si tous visent à revivifier le civisme et à favoriser le brassage social, ce n'est pas dans le même esprit.
Les premiers considèrent qu'il faut imposer à tous les jeunes un « devoir de servir » qui comblerait le vide laissé par la suspension du service militaire ; les seconds souhaitent accompagner l'intégration des jeunes par un dispositif qui « les aide à aider », en valorisant leur apport à la société, leur générosité. Dans un cas, on vise à restaurer le modèle républicain « à l'ancienne » ; dans l'autre cas, on cherche à redynamiser les valeurs collectives en tenant compte de l'individualisme contemporain, par l'encouragement à la participation de chacun.
Ici, on va du général au particulier, là, du particulier au général. Obliger les jeunes à être utiles aux autres, les « forcer à aider », c'est le contraire exact de les « aider à aider » : nul ne vous est reconnaissant pour ce que vous êtes contraint de faire.