Autoportrait d'un autre : Rêves de l'île et de la ville d'antan, poèmes en prose
A lire ces trente-trois poèmes en prose — ces trente-trois visions de l’invisible —, comment ne pas songer à l’énigmatique torpeur des statues, aux dieux engloutis dans la pierre, aux gisants, à un univers livré au minéral silence de jadis ? Dans une perception soudaine d’un autre monde qui semble à la fois nous précéder et nous attendre — monde dans lequel il nous faudrait, tel le narrateur, avec l’aliénante sensation de ne plus être soi, un jour nous immobiliser tout à fait jusqu’à devenir à notre tour fossiles —, Cees Nooteboom déchiffre les signes que la mort adresse à la vie. Méditative, hiératique, sa prose s’affranchit du temps, suscite, contemple et sculpte des paysages métaphysiques dont "l’inquiétante étrangeté" nous devient bientôt admirablement familière...