Les ruines de Rome
Sur la scène d’un petit théâtre de Montparnasse, Norma, actrice que le Tout-Paris admire, joue ce soir pour la dernière fois une pièce dont elle est l’unique interprète. Jérôme Guichard ne perd pas un mot, pas un geste, pas un signe de cette femme qui est entrée dans sa vie le jour de la première. Car leur liaison se termine sans doute avec cette dernière représentation. Le souvenir de Joan, l’Américaine qu’il avait épousée et qui a péri avec ses enfants dans un accident, a-t-il empêché Jérôme Guichard de trouver certains mots, de franchir certaines portes ? Faut-il plutôt s’expliquer l’échec de la brève rencontre par le fait que Norma, à la ville avec la même fureur de vivre qu’à la scène, est toujours en représentation ?
Hubert Nyssen explore ces zones d’ombre où la mémoire et le langage cherchent à retrouver, dans le labyrinthe des apparences, la singularité d’un destin.