Les citrouilles
Dans cette dernière pièce de la tétralogie d’Ahmed, Les Citrouilles (qui se souviennent d’Aristophane), Ahmed et sa bougeotte nous conduisent en Enfer. En vingt siècles la condition humaine a changé : nous n’avalons plus seulement des grenouilles, nous nageons dans la soupe. C’est celle-ci, et aussi la soupe du théâtre, qu’Ahmed veut éclaircir. Toujours serviable, rusé, il guide notre inénarrable ministre de la Culture, la célèbre Mme Pompestan, dans le royaume des morts. Sauront-ils enfin lui apprendre son métier ? Mais les Enfers sont en révolution ; une querelle annuelle et aussi millénaire occupe les ombres des grands hommes : lequel est le plus grand ? Et comme avec Ahmed nous sommes toujours d’aujourd’hui, la question devient : A qui, de Claudel ou de Brecht, rivaux, s’étripant à coup de génie, de tirades splendides, revient la palme ? Caricature des poètes ? Non, les Claudel et les Brecht de la comédie ne sont pas des caricatures mais des loupes. Soudain, à travers eux, détenteurs de paradis et d’émancipation, nous voyons notre siècle. Quel a-t-il été ? Le leur.