L'Echelle des cartes
De la musique, Debussy disait qu’elle ne réside pas dans les notes mais "entre" elles. Ainsi de l’existence, décide Sergio Prim, le géographe aux passions incertaines, bousculé par une relation sentimentale qui le dévore et l’angoisse. Le spécialiste de la topographie s’emploie dès lors à dresser l’impossible carte du Tendre où inscrire son amour pour une jeune femme qu’il qualifie de fugitive quand c’est lui qui se dérobe.
La perception du réel est discontinue, la matière n’est pas compacte, le désir est involontaire et chaque individu utilise sa propre échelle pour s’intégrer à la réalité et établir des relations de distance ou de proximité : tels sont les postulats "scientifiques" dont se nourrit ici la lâcheté d’amour. Dans la prose ardente de ce premier roman, Belén Gopegui explore les méandres d’un mal de vivre très contemporain, où elle déchiffre, comme nombre d’écrivains de la nouvelle génération de romanciers espagnols, la réussite ou l’échec d’un monde instable.