Bruit de fond
Les voitures passent à toute vitesse en dessous de nous, elles viennent de l'ouest où se dresse la colonne de feu. Nous les regardons comme si elles pouvaient nous donner un indice, comme si leur surface polie contenait quelques parcelles de ces couchers de soleil, un lustre particulier, une pellicule de poussière révélatrice. La voix des gens, celle des speakers à la radio ne s'élèvent jamais au-dessus d'un murmure. Nous baignons dans quelque chose de doré, dans un air d'une douceur étrange. Des gens promènent leurs chiens, des enfants roulent à vélo, un homme, avec un téléobjectif monté sur son appareil de photo, attend le grand moment. Ce n'est que lorsque la nuit est tombée que les insectes grincent dans la chaleur, que nous nous dispersons lentement, timidement, poliment, voiture après voiture,rendus à nous-mêmes et à notre solitude. Les hommes vêtus de combinaisons de Mylex et portant des masques jaunes sont encore dans les parages. Ils rassemblent leurs terribles données en dirigeant leurs instruments de mesures en direction du ciel et de la terre.