Au Lecteur précoce
Il suffirait de presque rien pour que les personnages de Claude Pujade-Renaud soient aussi heureux qu'ils en ont l'air. Encore faudrait-il que les mots soient leurs alliés, qu'ils signifient exactement la même chose pour tout le monde. Au lieu de quoi ils préfèrent se dérober à l'esprit, laisser entre eux et le réel un vide qui devient l'espace du malaise, du malentendu, parfois du malheur. De ce recueil sourd une mélodie douce-amère, teintée de regret - regret de n'avoir pas compris l'autre, faute de lui avoir dit qui on était, regret de ce qui aurait pu être si l'on s'était tu. Et les nouvelles les plus lumineuses sont celles qui portent l'espoir d'une forme d'expression autre que la parole - la danse, l'écriture, le silence.