Tombeau de Romain Gary
Romain Gary a traversé le siècle en nomade, en apatride, sans se soumettre aux écoles littéraires, sans rien céder aux modes, déjouant toutes les classifications, mettant orgueilleusement en actes sa liberté de romancier. Insaisissable et insaisi, fidèle et rebelle au dessein grandiose que sa mère avait formé pour lui, il s’acharna à consumer sa vie de fils, d’amant, de mari et de créateur jusqu’à renaître de ses cendres et enfin s’inventer autre. De l’entrée en scène de l’écrivain Romain Gary jusqu’à l’apothéose d’Emile Ajar, c’est tout à la fois l’artiste et l’homme multiple que Nancy Huston dévoile dans un face à face (avec l’auteur, avec ses œuvres) et un tutoiement d’une lucidité brûlante, presque douloureuse.
Ce portrait est un modèle du genre : entre "le mythe personnel" de l’auteur et ce que ses livres laissent entrevoir à son insu, l’aller et retour est constant. Il y a une immense capacité de dévoilement dans le livre de Nancy Huston, qui s’accompagne d’un magnifique bonheur de célébration : étonnant tête-à-tête entre deux écrivains.