Paradis de tristesse
Cherchant l’Absolu dans la pénombre rougeoyante du Trap — ce sanctuaire des rencontres sans limites — le narrateur s’est voué à la beauté de Pascual, l’ancien skin à la cruauté si parfaite. Il est entré à jamais dans la dépendance de cet homme qui impose ses lois, en roi des cérémonies de la soumission amoureuse.
Au Trap, on croise aussi Alcandre, le vieux poète, autrefois dandy au panache insolent, qui voudrait atteindre, par-delà l’humiliation du corps, la vérité de sa vie, le sang des mots et la clarté des signes.
Au Trap encore, il y a Grégoire, titubant entre ce théâtre d’abjection et ses fiévreuses retraites chez les moines, sur la colline sacrée de Vézelay. Et il y a Ellert, le jeune père à la patience et douceur de victime…
Méditation sur la condition humaine, sur l’art et la transcendance, Paradis de tristesse nous bouleverse parce que ses personnages vivent à la proue d’eux-mêmes, avides ou désespérés, creusant ce manque qui leur désigne un horizon, chemin de douleur, rêve de joie, d’inspiration, de grâce. Car il n’y a rien en l’homme, selon la Parole, qui ne mérite miséricorde. Rien ici-bas qui ne contienne le Ciel.