Bienvenue en Palestine
Ramallah, 17 janvier 2004. Voici quatre mois que j'habite au centre-ville, dans un appartement confortable que je loue et partage à l'occasion avec des étudiants ou des amis de passage. Je suis venue ici sans être envoyée par personne, ni un journal, ni une association, ni une administration publique. En toute liberté, ce qui est plutôt exceptionnel ici où tous les étrangers relèvent plus ou moins d'une mission de ce genre. Cette liberté m'était essentielle pour faire un travail d'écrivain, un travail où j'assumerais ma propre subjectivité dans cette rencontre avec ces Autres qu'étaient à mes yeux les Palestiniens. Selon les époques et les circonstances, on a pu me définir comme une ex-communiste, une féministe hors cadre, une juive laïque résolument diasporique, ou, professionnellement, comme professeur de lettres, fonctionnaire de la culture, intermittente du journalisme... Ce que je suis aujourd'hui ici, c'est un écrivain du réel travaillant dans les marges du journalisme. J'emprunte cette expression au monde du cinéma documentaire qui s'est bâti un domaine de création entre le reportage et le cinéma de fiction qu'il a nommé "cinéma du réel" ou "fictions du réel"...