Le Nu foudroyé
Dimanche 4, lundi 5 juin 1961 : un fait divers. A la une de France Soir, une photo de jeune femme, ovale profité dans la longue chevelure. Sa luxuriance. Les yeux en amande, les longs cils noirs, inclinés vers nous. Sourire coulissant, charme, apprêt, pulpe des lèvres. Une image mythologique de la beauté, comme à l'origine d'un nouveau monde... La photo de France Soir apparaît juste sous un grand titre - lettres noires sur fond blanc - qui lui est étranger et qui annonce la rencontre à Vienne de Khrouchtchev et de Kennedy, après l'entrevue de ce dernier avec le Général, à Paris. L'histoire, les géants, le duel fameux. Ouest-Est à couteaux tirés. La guerre froide. Et ce contraste de la photo sur fond noir. La flambée d'une jeune femme très belle, l'ovale éclairé, lumineux dans la torsade des cheveux. Séduction. Le titre, cette fois, caractères blancs sur le même fond de deuil noir, Caroline, le mannequin passionné de vitesse, se tue à Montlhéry." Elle s'appelait Caroline, elle avait vingt et un ans. Lucien Clergue la photographiait et Gérard Simoën l'aimait d'un amour adolescent, il avait douze ans. Patrick Grainville a écrit avec " émotion ces pages nostalgiques et jubilatoires sur les nus, la mer, les souches, les matières, les signes, les photos, les sculptures, les encres... Tant d'incarnations dans la lumière ".