Margherita Dolcevita
Une fable écologique moderne, racontée avec la verve et l'humour féroce de Stefano Benni. Margherita a une quinzaine d'années, quelques kilos en trop qu'elle assume sans complexe, et une passion immodérée pour la lecture et l'écriture - elle écrit des poèmes et a même commencé un roman, mais elle est coincée sur la première phrase, qu'elle remanie continuellement. La maison familiale se trouve en bordure de la ville, presque à la campagne, et constitue son paradis. Autour de Margherita gravite une famille très normale et très farfelue ; son père, Fausto, est un bricoleur acharné qui répare de vieux vélos, sa mère fume des cigarettes Virtual et voue un culte fanatique aux séries américaines ; son frère aîné a deux passions dans la vie : le foot et le ballon, et le benjamin, Eraclito, est un petit génie, amoureux de sa prof de maths. Il y a aussi l'incorrigible grand-père Socrate, plein d'un humour et d'une ironie qu'il a légués à sa petite-fille. Et un chien, Roupillon dit Roupi, piètre gardien et grand spécialiste en déjections canines. Sans oublier l'ourson Pilate, clin d'oeil à un certain Boulgakov... Dans le bois tout proche, Margherita a aussi une amie et confidente : la petite fille de poussière, fantôme d'une enfant victime d'une guerre passée, image de l'enfance saccagée...Tout se passe le plus normalement du monde jusqu'à l'arrivée de nouveaux voisins, les Del Bene, dont la maison, un gros cube noir, pousse en quelques jours, tel un champignon vénéneux. En peu de temps, ils contaminent littéralement presque tous les membres de la famille de Margherita, par le pouvoir de fascination qu'ils exercent sur eux, les poussant à se doter de tous les derniers gadgets audio-visuels et technologiques, et à suivre les diktats de la mode. Pire encore : ils se livrent à un "nettoyage" en règle du quartier, chassant sans pitié nomades et paysans, pour se livrer à des activités louches, que Margherita finira par découvrir. Comme toutes les guerres, celle-ci aussi s'achèvera en catastrophe, dans un final amer et ambigu.Le dernier livre de Stefano Benni, qui a remporté un succès mondial, est un hommage à l'esprit d'enfance et à la passion de la lecture - le livre fourmille d'allusions littéraires : la Zazie de Queneau y côtoie la Lolita de Nabokov, l'ombre de Shakespeare y croise celles d'Edgar Poe et de Boulgakov... Mais c'est aussi la dénonciation d'un monde, le nôtre, qui se perd dans l'incompréhension, le racisme ordinaire et la culture de l'éphémère. Insolente, anticonformiste et généreuse, Margherita nous donne une leçon de résistance face au pouvoir anesthésiant de la pensée unique.