Le Cas Leon Meed
A Eureka, Californie-du-Nord, ville brumeuse et sans attrait, dix personnages, que ni leur âge, ni leur confession, leur couleur de peau ou leur appartenance ethnique ne prédisposaient à se rencontrer, se trouvent brusquement confrontés - séparément, en divers lieux et à divers moments - à l'apparition (suivie de l'immédiate disparition) d'un certain Leon Meed, récemment porté disparu. Perturbés - et, pour certains, traumatisés - par l'insolite expérience qu'ils ont partagée, les uns et les autres ne vivent plus, dès lors, que dans l'obsession d'assigner une explication à l'inexplicable. Qu'ils recourent à l'hypothèse de l'hallucination ou à celle de l'intervention d'origine plus ou moins divine, ou qu'ils en appellent à la théorie, plus rassérénante, de la simple coïncidence, tous les "élus" qu'a touchés l'étrange apparition voient leurs destinées respectives prendre un cours nouveau cependant que se nouent entre eux les liens les plus inattendus... Vrai roman et faux conte philosophique, Le Cas Leon Meed n'a sans doute d'autre sujet que la question du sens : celui dont nous choisissons d'investir le monde qui nous entoure quand nous ne le comprenons plus et que, dès lors, nous ne nous comprenons plus nous-mêmes. Saisis avec un humour ambigu à l'endroit même où leur vie bascule dans une cacophonie où se perd le rêve de la symphonie espérée, les personnages de Josh Emmons, entre espérance et désillusion, avec ou sans Leon Meed, ne sont autres, à Eureka City, que "nos semblables, nos frères", qu'un roman, profond et ambitieux, gratifie de la possibilité d'expérimenter l'effrayante ou jubilatoire profondeur de leur duplicité en ses multiples avatars.