Leni Riefenstahl : Une ambition allemande
La biographie définitive de Leni Riefenstahl, celle qu'on surnomma « la cinéaste préférée d'Hitler » et qui fut l'une des personnalités les plus controversées du XXe siècle.
L'histoire d'un immense talent et d'une ambition plus grande encore. Si les deux films majeurs de Leni Riefenstahl, Les Dieux du stade et Le Triomphe de la volonté, sont largement reconnus comme les plus grands documentaires jamais réalisés, ce sont aussi d'insidieuses glorifications d'Adolf Hitler et du Troisième Reich. Dans cette magistrale biographie, Steven Bach fait toute la lumière sur la vie de cette artiste qui prétendait ne s'intéresser qu'à la Beauté et à l'art.
Après des débuts de danseuse dans le Berlin des années 1920 et quelques petits rôles dans des films de seconde catégorie, Leni Riefenstahl s'impose peu à peu comme l'une des actrices les plus importantes d'Allemagne. D'un appétit insatiable, elle se lance bientôt dans la réalisation, où elle manifeste un sens du cadre et du montage époustouflant, et se met elle-même en scène. Remarquée et admirée par Hitler, elle accepte de réaliser un premier documentaire sur le congrès annuel du parti nazi en 1933 (La Victoire de la foi), puis un second l'année suivante : c'est Le Triomphe de la volonté, un film majeur, d'une puissance, d'une modernité et d'une maîtrise sans précédent, mais aussi le produit le plus remarquable de la propagande nazie, celui, sans doute, qui a le plus fait pour transformer la popularité d'Hitler en un véritable culte.
Entièrement financée par les fonds personnels du Führer, elle réalise en 1936 Les Dieux du stade, qui retracent les Jeux olympiques de Berlin. Elle y donne la pleine mesure de son esthétique et y affirme sa maîtrise cinématographique. Entièrement compromise avec le régime et son leader (on lui prêtera même longtemps une liaison avec Hitler), elle subit au sortir de la guerre de multiples procès en dénazification, sans que jamais la moindre charge ne soit retenue contre elle. Libre, disculpée mais trop sulfureuse pour que les compagnies cinématographiques lui accorde des financements, elle part en Afrique avec ses Leica à la découverte des Nouba, cette peuplade du Soudan chez laquelle elle retrouve l'idéal de pureté physique et esthétique qu'elle avait toujours poursuivi.
Si les livres magnifiques qu'elle leur consacra connurent un succès mondial, les mêmes accusations de compromission avec le Troisième Reich resurgissent de façon récurrente, et jusqu'à la fin de sa vie, à plus de cent ans, en 2003, elle doit multiplier les procès pour faire taire les voix discordantes.
Aujourd'hui, Steven Bach, s'appuyant sur des sources inédites, nous livre une enquête historique implacable sur l'une des artistes les plus brillantes de son siècle, mais aussi l'une des plus corrompues.
Dans cette remarquable biographie, il met au jour les mensonges et les dissimulations de cette artiste qui se disait apolitique mais fut la plus gande propagandiste du Troisième Reich, prétendait n'avoir rien su de l'Holocauste mais utilisa pour de la figuration dans un de ses films des tsiganes qui furent ensuite envoyés à Auschwitz, et niait toute complicité avec le régime criminel dont elle profita et qu'elle sanctifia alors même qu'elle refusa jusqu'à la fin de sa vie de renier l'admiration qu'elle éprouvait pour celui qu'elle continuait d'appeler le Führer. Au fil des pages se dessine le portrait d'une immense artiste et de l'une des plus grandes avant-gardistes du vingtième siècle, mais aussi d'une cinéaste dont les oeuvres à la gloire du Troisième Reich sont toujours interdites de projection publique en Allemagne et peu distribuées ailleurs dans le monde. Est-ce parce que l'on continue de craindre la troublante puissance de leurs images, ou parce que l'on préfère oublier que le Mal est parfois le plus court chemin vers la Beauté ?