Si tu manges un citron sans faire de grimaces
Il s’agit de vingt contes moraux très courts. Dans la concision du trait, Pàmies fait de plus en plus penser à Chamfort ou à La Bruyère. Ses portraits de l’homme moderne sont si aigus dans l’observation qu’ils en deviennent universaux.
“A la radio, j’ai entendu que si on mange un citron sans faire de grimaces tous vos désirs seront accomplis, mais j’ai peur d’essayer, de faire des grimaces et que plus aucun de mes désirs ne s’accomplisse jamais.”
Tels sont les héros des nouvelles de Pàmies, pleins d’innocentes manies dévastatrices, de craintes puériles alors que seule les menace la banalité de l’existence. Plus noires que d’habitude, ces nouvelles sont toutes pénétrées de la vanité de toute vie. Qu’il s’agisse du mort qui s’aperçoit combien, après l’avoir enterré, sa famille s’épanouit, ou de l’homme qui envoie des enveloppes vides à des inconnus. Mais à travers ces histoires baroques ou drolatiques, Pàmies s’interroge sur les difficultés de la fiction face à un monde où il n’y a plus de héros mais seulement des hommes sans qualités. Pour rester honnête le récit ne devrait-il pas se faire aussi neutre, aussi économe et finalement aussi court que nos vies anonymes. Heureusement, il reste l’humour et une grande curiosité pour cet homme nouveau avec ses manies innocentes ou non, ses faiblesses et, si l’on creuse bien, son humanité intacte.