Seul dans le Noir
Contraint à l'immobilité par un accident de voiture, August Brill, critique littéraire à la retraite, trouve refuge contre les inquiétudes des temps présents et le poids des souvenirs qui l'assaillent lors de ses innombrables insomnies en se racontant une nuit l'histoire d'un monde parallèle où le 11 septembre n'aurait pas eu lieu et où l'Amérique ne serait pas en guerre contre l'Irak mais en proie, « ici et maintenant », à une impitoyable guerre civile.
Mais imagination et réalité en viennent peu à peu à s'interpénétrer comme pour se lire et se dire l'une l'autre, et pour interroger la responsabilité de l'individu vis-à-vis de sa propre existence comme vis-à-vis de l'Histoire.
En plaçant ici la guerre à l'origine d'une perturbation capable d'inventer la « catastrophe » d'une fiction qui abolit les lois de la causalité, Paul Auster établit, dans cette puissante allégorie, un lien entre les désarrois de la conscience américaine contemporaine et l'infatigable et fécond questionnement qu'il poursuit quant à l'étrangeté des chemins qu'emprunte, pour advenir, l'invention romanesque.