Le Ramassement de soi : Récits et réflexions
Comment, à partir de cet état de ramassement de soi que requiert l’écriture, rendre compte de la vie dans toute sa profusion jubilatoire ? Comment convertir la vie intérieure en prise de possession de soi et du monde ?
C’est en filigrane que Nizon répond à ces questions dans ces textes, dont l’écriture s’est échelonnée entre 1961 et 2004 : évoquant son rapport à la langue, l’art, la vie, et la façon dont, pour l’auteur, ces trois réalités s’engendrent mutuellement, ils diffusent un profond sentiment de liberté et esquissent un véritable carnet de bord intellectuel.
Des essais sur les artistes qui ont marqué sa vie – Van Gogh, mais aussi Soutine et Dietrich, pour la peinture, les cinéastes Fellini et Bertolucci, le poète Robert Walser, les écrivains Knut Hamsun ou Sean O’Casey,, côtoient aussi bien des souvenirs analysés que des réflexions sociologiques nées de l’observation du quotidien ou des fragments d’un art poétique. L’auteur y met toujours en lumière l’absolue liberté des créateurs, à commencer par la sienne, invitant, par une réduction de l’être à l’essentiel (à l’image de Walser ou Van Gogh), à jouer sa vie comme un passant, entre émerveillement et fuite. Il s’agit de se laisser absorber par le monde – par le biais des voyages, des villes, des femmes – et de le regarder, l’écrire pour l’absorber à son tour. Les entretiens, quant à eux, reviennent de manière éclairante sur sa conception de l’écriture, du père et de la paternité, du bonheur…
Dans une écriture d’une extrême justesse, qui passe de la prose poétique au ton de la causerie, ce recueil peut constituer aussi bien une voie d’entrée dans l’œuvre de Paul Nizon qu’un moyen d’approfondissement de son cheminement humain, intellectuel et artistique.