Le désert de la grâce
Jusqu'à son éradication en 1709, l'abbaye de Port-Royal des Champs aura représenté - face à Versailles, à la cour de Louis XIV, aux jésuites et à la papauté - un symbole d'indépendance et d'inviolabilité des consciences. C'est pourquoi ce récit est celui d'une persécution acharnée, mais aussi d'une clandestine activité de préservation. Cette histoire de clan et de femmes, traversée de multiples prises de parole, est notamment portée par les voix de Françoise de Joncoux et de Marie-Catherine Racine. La première déchiffre et recopie les manuscrits du monastère, maintient le lien entre les membres de la communauté dispersée, sauve de l'anéantissement l'oeuvre édifiée par tant de moniales et de leurs amis - Blaise Pascal et les "Solitaires". La seconde cherche à cerner la vérité de son père, l'illustre Jean Racine, ami ambigu de Port-Royal, qui y fut élevé, s'en éloigna... mais voulut y être inhumé. Revécu par celles qui ont "fait" ou approché Port-Royal, bruissant de mémoire et empli de probité dans la fiction, ce roman rend hommage à un lieu de grâce que le pouvoir temporel s'évertua à opprimer, détruire et transformer en désert - au risque d'en faire un mythe.