Ordalie
Ordalie est en premier lieu la petite histoire de deux amants écrivains, dont l’idylle commence juste après la Seconde Guerre mondiale. Lenz est juif, poète, rescapé. Ilse est la fille d’un ancien nazi et elle écrit des romans. Les deux amants traînent leur œuvre en devenir et leur destin de Vienne à Paris, de Paris à Berlin, de Berlin à Rome. Il s’agit de réorganiser les décombres du monde grâce à l’art et à l’amour. Cette simple histoire d’amour est racontée par Zak, le cousin de Ilse. Zak a toujours été amoureux de sa cousine, comme il a nourri une passion morbide pour le Reich. Zak est un salaud qui incarne toute la mauvaise conscience des bourreaux. Il pressent qu’il obtiendra son salut par le regard indulgent que voudra bien porter sur lui sa merveilleuse cousine. Car Ilse est un être positif qui croit à demain. Avec un groupe d’écrivains elle essaie d’avancer malgré tout le poids d’un passé qui la leste. Lenz n’aura jamais cette force.
Ordalie tente surtout de dire la grande Histoire, à travers le parcours de ces trois êtres meurtris, orphelins ou fils de la honte, qui trébuchent dans le noir, la bouche pleine de cette langue allemande qui les étouffe et avec laquelle ils vont tenter de créer. Car pour Ilse et Lenz, écrire revient à vivre. Zak finira par comprendre cela à son tour.