Honecker 21
Honecker 21 ou les vingt chapitres de la vie d’un Berlinois moyen, moyen en amour et au travail, bon consommateur, honnête malchanceux. Homme ordinaire, il souffre de maux qu’il juge extraordinaires parce qu’il les croit uniquement les siens. Ce sont en fait les maux communs de notre florissante société, entre bureaucratie folle et libéralisme ricaneur, tyrannie patronale et laxisme sentimental, course au confort, égarements financiers, et bien sûr passages répétés par ces guichets de l’humiliation que sont les comptoirs des services après-vente. La prétention de reprendre sa vie en main ne peut qu’en précipiter le chaos, aucune initiative n’étant jamais la bonne. Matthias Honecker est un Charlot, malheureux, jaloux, malveillant à l’occasion, mais dont le pathétique au lieu d’affliger fait sourire, et même rire, parce qu’il n’est que ce qu’il est : notre lot à tous, souris de laboratoire que nous sommes, tragiquement drôles quand nous prétendons échapper au système et nous cognons à des murs. Un chapitre est manquant, parce qu’il y a un trou dans la vie d’Honecker, que la fin du récit s’attache à combler, comme une dent creuse.