Le coffre des secrets
Trois histoires se croisent tout au long de ce roman, celles de deux hommes et d'une femme. Ibrahim est le dernier rejeton d'une famille qui serait originaire du Hauran, en Syrie, et qui se serait installée dans un village du Sud du Liban avant de se disperser entre Beyrouth et Bogotà, en Colombie. Hanna, lui, est un cordonnier qui habite le même quartier qu'Ibrahim. Il a été affreusement torturé puis condamné à mort pour un crime qu'il n'a pas commis, et c'est le jour même où il devait être pendu que la police est parvenue à arrêter l'assassin. Libéré, il devient trafiquant de haschisch. Quant à la femme, Norma, on apprend qu'elle a couché aussi bien avec Ibrahim qu'avec Hanna et tenté de convaincre chacun d'eux qu'il l'a déflorée le premier...
Pour raconter cette histoire – ainsi que celles des vingt ou trente personnages secondaires qui surgissent peu à peu avec leurs petits secrets –, Elias Khoury s'est employé à multiplier les angles d'approche et à recourir à plus d'un narrateur. Et dès que l'un d'eux se confond avec tel ou tel personnage, un autre met en cause la véracité de ce qu'on vient de lire, avant qu'un troisième n'apparaisse pour apporter une précision historique ou pour glisser une anecdote littéraire. De la sorte, le récit s'ouvre sur diverses probabilités, se reprend pratique-ment à chaque chapitre, dévoile certains secrets mais garde le coffre (le Liban sans doute, entre deux guerres civiles) bien scellé... en attendant d'autres révélations.