La route de Tassiga
En 1980, le narrateur est engagé, dans le cadre du service national, comme instituteur par une grande entreprise de travaux publics. Il est envoyé à Tassiga, une petite ville africaine perdue dans la brousse où la Compagnie est chargée de construire une route de 160 kilomètres, financée par la Banque mondiale.
L’encadrement et les ouvriers spécialisés sont des expatriés, venus pour la plupart avec leurs familles. Ils se sont souvent croisés sur d’autres chantiers, en France ou à l’étranger, partagent des souvenirs communs mais aussi des rivalités professionnelles, des histoires de femme. Tassiga est une cage étouffante, avec son air brûlant, ses blattes énormes, ses nuits noires… Le narrateur est le seul à ne pas être « un homme des TP ». On le loge à la maison des célibataires, avec d’autres comme lui, alors que la Compagnie a loué pour les familles les plus belles villas du quartier européen, organise leur ravitaillement et la scolarité des enfants. Son statut particulier en fait un témoin acéré de cette communauté blanche, de la transformation de Tassiga par la présence des Français, de l’ennui des femmes, des samedis soir avinés.
Dans son précédent roman, Les Ronces, Antoine Piazza racontait son immersion dans un village du haut Languedoc. Dans une veine similaire, il s’inspire ici de ses vingt mois d’expatriation au Niger. Sous sa plume remarquablement classique, des dizaines de personnages hors du commun prennent vie, et l’on savoure une nouvelle fois la drôlerie impitoyable de son regard.