Manuscrit zéro
Depuis 1995, les livres de Yôko Ogawa sont traduits en français. Nouvelles, romans courts, ou plus longs ces dernières années, nous ont peu à peu révélé les questionnements de la romancière japonaise et la singularité de son imaginaire comme autant de transpositions du réel.
Aujourd’hui, telle une pause formelle et dans une langue beaucoup plus immédiate, Manuscrit zéro s’impose au coeur de son oeuvre.
Alors que la romancière travaille à un nouveau projet, elle note au jour le jour ce qui compose son quotidien fictionnel. A moins qu’il ne s’agisse de l’inverse : notant chaque jour la multitude d’histoires qui peuplent son imaginaire, Yôko Ogawa tente de trouver dans cette forêt d’images la tonalité de son nouveau roman ; elle tisse et conjugue les influences et les figures qui soudain l’interpellent, qu’elles soient issues de l’instant ou des tourbillons de sa mémoire, de rencontres bien réelles ou d’émotions enfouies.
Selon ce motif se glissent entre ces pages le murmure d’un torrent dans une forêt profonde où prolifèrent des mousses délicates et délicieuses, une maison d’enfance impossible à décrire, une fête d’école où il s’agit de se faire passer pour une mère d’élève. Un concours de pleurs d’enfants et l’étrange destinée d’un touriste en retard.
Des histoires courtes qui s’enchaînent comme autant de composantes de l’oeuvre de Yôko Ogawa, des histoires qui forment une mosaïque temporelle au sein de laquelle les individus, les lieux ou les situations vont chavirer, chanceler, pour rejoindre sous sa plume le monde si singulier de ses personnages.