LE PERE FANTOME. Souvenirs
Rudy Winston, le père de Barry Gifford, tenait à Chicago un drugstore ouvert toute la nuit, où l'on vendait de l'alcool. Le samedi après-midi, son fils Barry venait regarder les danseuses du club Alabam qui répétaient dans l'immeuble voisin. Il prenait parfois son petit-déjeuner au comptoir du drugstore, trempant ses beignets dans la même tasse de café que le singe du joueur d'orgue de Barbarie. Certains jours, Barry accompagnait son père en Illinois et l'attendait dans un quelconque diner tandis qu'il se rendait à de mystérieux rendez-vous. Dans les années trente et quarante, toutes les personnalités en vue de Chicago, La Nouvelle Orléans ou La Havane connaissaient Rudy Winston. Celui qui le connaissait le moins était son propre fils. Barry n'avait que douze ans lorsque son père mourut. Adolescent, il entendit un jour un ami lui demander: «C'est vrai que ton père était un tueur ?» C'est à cette question qu'essaie de répondre Barry Gifford aujourd'hui, dans ce livre qui se nourrit de souvenirs épars et nous permet de comprendre pourquoi ce père fantôme a eu tant d'influence sur la vie de son fils.